La femme Sauvage
- Angélique Maât
- 23 juil.
- 6 min de lecture
Pourquoi parler de la Femme Sauvage aujourd’hui?
Aujourd’hui, j’ai envie de te parler du concept de Femme Sauvage, parce que nous sommes à un tournant majeur, où la Voix des Femmes s’éveille après des siècles et des siècles de musèlement, de contrôle, de soumission.
La Femme sort du silence, de sa tanière dans laquelle est s’est terrée, par peur, par instinct de survie, par protection.
Ce silence, cette mise au ban des accusés, a débuté à l’époque de la chasse aux sorcières, ce féminicide de masse longtemps réduit à une anecdote historique, qui a contribué à construire les bases de notre système patriarcal actuel.
De femmes traquées, torturées, brûlées, nous avons évolué vers une femme docile, utile, discrète, en résumé, une fillette bien sage.
Le comble? On nous a convaincu que c’était pour notre bien.
Silvia Federici, dans Caliban et la sorcière, explique que ces persécutions avaient une visée bien précise : elles ont été un outil de contrôle politique et économique pour briser le pouvoir féminin, notamment celui des guérisseuses, des sages-femmes, des femmes autonomes, qui dérangeaient la pensée toute puissante et dogmatique du christianisme naissant...après tout, nous ne sommes qu’un résidu de côte issue d’un homme...
Et ces persécutions perdurent aujourd’hui.
Il suffit de regarder les réseaux sociaux, d’écouter les conversations, de lire les statistiques: on parle de nous en nous qualifiant de trop ou pas assez: trop indépendante, pas assez féminine, trop vieille, trop libre, trop mystique, trop grosse, trop mince… Bref, trop Vivante.
Et pourtant, inexorablement, la Femme Sauvage fait partie de nous. Elle attend le moment où elle pourra de nouveau marcher au grand jour, en faisant fi de la peur.
Clarissa Pinkola Estés, dans Femmes qui courent avec les loups, explique que cette force instinctive, intuitive, archaïque, qu’on porte toutes, ne disparaît jamais tout à fait.
C’est elle qui nous pousse à nous reconnecter à notre corps, à nos désirs, à notre liberté.
Cela rejoint la vision de Virginie Despentes, dans Le complexe de la sorcière, qui, à travers sa propre recherche intérieure de sa femme sauvage, nous offre une vision contemporaine et politique de cette celle-ci.
Pour elle, elle est celle qui ne se soumet pas, qui vieillit sans se cacher, qui parle fort, qui jouit, qui dérange. C’est une femme qui ne cherche plus à plaire à tout prix ni à se faire petite.
Elle incarne la puissance d’une femme lucide, libre, qui ne demande plus la permission d’exister.
Camille Sfez, dans La puissance du féminin, parle quant à elle d’une Femme Sauvage reliée à la sagesse du corps, aux rituels, à la sororité. Sa vision de la Femme Sauvage est une femme ancrée dans sa cyclicité, qui reprend possession de son intériorité et alchimise sa douceur comme en force. Chez elle, la Femme Sauvage est sacrée, rythmée, intuitive.
Ces visions de femmes sauvages se lient et s’entrelient.
La Femme Sauvage est ainsi la femme indomptée, non-soumise, une femme entière, enracinée, libre, reliée à elle-même et au vivant. Une femme qui ne demande plus la permission et qui s’incarne dans sa souveraineté.
Aujourd’hui, j’ai envie de réfléchir avec toi autour de ce concept et te de partager ma manière d’incarner la Femme Sauvage qui est en moi.
Au-delà d’un concept, c’est avant tout une manière de marcher, de respirer, de créer, de choisir, de se positionner, d’être .
Qui est la Femme Sauvage?
La Femme Sauvage est bien plus complexe qu’il n’'y paraît.
Il existe autant de Femmes Sauvages que la Terre porte de Femmes.
C’est tout un clan, une meute, un chœur de voix anciennes.
Elle ne porte pas qu’un visage, elle en a mille. Et chacune de ses facettes nous appelle à différents moments de notre vie, c'est ce qu'on nomme des archétypes.
Je t'en propose ici quelques-uns et qui sait, peut-être que certains entreront en résonnance avec toi?
🌕 La Sorcière
Elle est celle qu’on a brûlée. Celle qu’on a fait taire. Mais aussi celle dont on n’a jamais réussi à effacer l’existence, la preuve en est, sa place dans la culture pop, bien que biaisée, n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.
Dans La Danse Spirale, Starhawk décrit la sorcière comme une prêtresse de la nature, une activiste de l’âme, une femme reliée à la Terre, aux règnes végétal et minéral, aux cycles, aux forces invisibles, au petit peuple.
La Sorcière, c’est la femme qui connaît son pouvoir. Pas celui qu’on lui donne — celui qu’elle ressent au creux du ventre.
Elle est à la fois politique, spirituelle, subversive.
La sorcière n’obéit pas à une hiérarchie : elle écoute la terre, son corps, ses alliées invisibles. Elle célèbre la vie, le mystère, la transformation.
C’est une femme libre où le sacré s’incarne dans chacun de ses gestes et de ses paroles au quotidien.
🔥 La Guerrière
Elle représente l’énergie du Feu.
La Guerrière, c’est celle qui pose des limites, qui dit non sans trembler, qui défend ses valeurs, qui se positionne pour ce qui est juste.
La Guerrière, c’est celle qui se tient droite dans la tempête, non pas pour se battre contre, mais pour se tenir debout avec ce qui est.
explique HeatherAsh Amara dans Warrior Goddess Training. Elle ajoute que la Guerrière n’est pas une femme qui frappe ou qui hurle, c’est une femme fait des choix conscients, avec intégrité et force intérieure.
Elle sait dire non. Elle sait partir. Elle sait aussi rester.
Elle agit en étant reliée à son centre, à sa vérité, pas à son ego. Elle ne cherche pas la guerre, elle en quête l’authenticité, je cite:
Être une guerrière déesse, c’est apprendre à ne plus fuir, à ne plus se trahir, et à honorer sa vulnérabilité autant que sa puissance
🌿 La Sage ou la Vieille Femme
Clarissa Pinkola Estés l’appelle La Que Sabe, celle qui sait car la Sage, c’est la mémoire de toutes les femmes.
Dans The Feminine Face of God, Sherry Ruth Anderson parle de ces femmes qui, à un certain âge, ne veulent plus faire semblant, ne veulent plus porter de masques.
Elle n’a plus besoin d’être utile, désirable ou performante, elle fait fi de la futilité.
Elle observe le monde avec une lucidité tendre, parfois féroce. Elle détient la mémoire collective et l’art du discernement.
C’est souvent une gardienne de la parole, une tisseuse de sens, une femme qui sait que ne rien faire, c’est déjà faire.
Elle ne donne pas de conseils à tout-va. Elle pose des questions qui remuent l’âme. Elle te regarde et elle dit : Ce n’est pas le moment de chercher. C’est le moment de savoir.
🌙 La Prêtresse
La Prêtresse, c’est celle qui marche entre les mondes.
Entre l’invisible et le concret, entre l’humain et le sacré, entre le silence et la parole pleine.
C’est une femme qui est en connexion profonde avec son intuition, qui lit les cycles de la lune et canalise les messages du Vivant, qui transforme chaque acte du quotidien en rituel de conscience.
Camille Sfez parle d’elle comme d’une femme reliée à son utérus, à sa voix, à sa lignée.
Elle écoute son corps comme un oracle. Elle se tient droite dans ses tempêtes intérieures, les accueille et les traverse sans fuir.
Elle honore sa vulnérabilité. Elle sait que le sacré n’est pas là-haut, il est ici. Dans la chair, dans les émotions, dans la terre.
Morgane & Viviane, les prêtresses d’Avalon, incarnent cette figure dans toute sa puissance spirituelle. Elles ne servent pas un dieu extérieur et ne se soumettent à aucune autorité si ce n’est celle de s’honorer.
Elle est la gardienne d’un savoir ancien, enraciné dans la terre, dans les cycles naturels, dans le féminin sacré.
C’est celle qui t’apprend à dire : Je suis souveraine en mon royaume intérieur.
🌊 La Femme Sauvage
La source. La racine. L’élan brut. La mémoire animale qui bat sous notre peau civilisée.
Clarissa Pinkola Estés l’appelle La Loba, la femme-louve. Celle qui descend dans les lieux sombres, dans les grottes de l’inconscient, pour y ramasser les os. Les fragments perdus. Les morceaux de nous que la société a jugés trop criants, trop vivants, trop dérangeants.
La Femme Sauvage, c’est celle qui ne s’excuse pas d’être ce qu’elle est.
Elle sent, elle pressent, elle ressent.
Elle hurle quand c’est injuste. Elle pleure sans honte. Elle aime avec tout son corps.
Elle suit son instinct, non les injonctions.
Elle n’est ni gentille, ni polie, ni parfaite: elle est authentique.
C’est la femme qui se souvient d’avoir été libre, avant qu’on lui dise comment marcher, parler, aimer, enfanter, se taire.
C’est elle qui surgit quand tu n’en peux plus de te contenir.
C’est elle qui te pousse à quitter, à créer, à renaître.
C’est elle qui murmure, parfois au creux de la nuit :
“Tu n’es pas folle. Tu es vivante.” “Tu n’es pas brisée. Tu es en train de te retrouver.”
La Femme Sauvage, ce n’est pas une bête furieuse. C’est une femme entière, reliée à la nature, aux rêves, au désir, au sacré.
Elle connaît la mort, la perte, la transformation. Elle a traversé les enfers et en est revenue avec de la terre sous les ongles et des étoiles dans les yeux.
Elle est celle qui crée sans filtre, danse sans musique, aime sans contrat.
Elle est la gardienne de l’intuition, du mystère, de la liberté intérieure.
Et quand tu l’écoutes, vraiment, elle te guide vers toi-même.
Pas vers une version améliorée de toi. Non. Vers la femme que tu es profondément quand tu te libères de tes chaînes.
Ces archétypes, ce ne sont pas des cases. Ce sont des invitations.
Des visages que tu peux enfiler ou déposer, selon les saisons de ta vie.
La Femme Sauvage n’est pas une performance. C’est une mémoire à réveiller.
Un souffle à écouter. Un feu à entretenir.
Et toi, sens-tu l'éveil de ta Femme Sauvage?






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